USAP OCEAN est un projet de séjour thérapeutique autour du surf, soutenu et rendu possible par Aid'Elles.
Ce séjour a été pensé comme un soin groupal ayant pour objectif la mobilisation psychique et physique pour 7 patient.es pris en charge par l’USAP, autour de la rêverie et de l’immersion dans une nature : l’océan et son littoral.
Depuis plus d’une dizaine d’années, des études américaines, sud-africaines, australiennes, écossaises décrivent de manière empirique et scientifique les améliorations considérables sur la santé mentale des patient.es enfants, adolescent.es et adultes en psychiatrie, et plus particulièrement des vétérans de guerre en état d’ESPT (PTSD), grâce à une pratique régulière du surf.
Aussi pour les patient.es de l’USAP en proie au traumatisme psychique et à la vie urbaine en région parisienne, la pratique du surf est d’abord passée par la découverte d’un autre environnement géographique, historique et social sur un territoire (Ile d’Oléron). Elle offre en tout premier lieu la possibilité de vivre une expérience inédite dans un environnement naturel. Le surf c’est une pratique mais c’est l’histoire d’une manière de vivre, « un état d’esprit », une rêverie, une identification potentielle, une nouvelle voie possible. Aussi réjouissant qu’éprouvant, le surf sollicite le corps et le psychisme en plongeant entièrement le.la surfeur.se dans un milieu, un environnement, une nature.
Au sens propre comme au figuré, le.la surfeur.se goutte, sent, touche l’océan et se confronte à l’énergie d’un élément naturel, aussi agréable qu’hostile. Dans cette situation, il.elle doit trouver un nouvel équilibre en tentant de se lever sur sa planche, en se dressant pour se sortir de l’eau, tant pour vivre des sensations (remettre ses sens en éveil) que pour éviter la brutalité de la vague. C’est une expérience ambivalente dans un milieu ambivalent. C’est une expérience qui vient limiter le sujet dans son corps et dans son psychisme (ce qui met l’angoisse à distance paradoxalement).
Les patient.es ont ainsi dû fournir des efforts pour y arriver, cesser de se laisser envahir en pensées. Au risque de l’océan. C’est un ancrage, une mobilisation, une remobilisation, un moment de réunification du psychique et du somatique. Une forme de remédiation psychocorporelle aussi d’un point de vue comportementale.
Mais le surf pourrait également permettre un remaniement psychique. Car s’élancer dans une vague, c’est également s’insérer dans un mouvement, une énergie, une pulsion qui vient de
l’extérieur, que l’on rencontre sans l’avoir créé soi-même. En ce sens, le mouvement du.de la surfeur.se, c’est alterner entre position passive et position active en raison de l’énergie d’un autre que soi (qui ne possède pas d’intention propre). C’est ainsi que l’on entend la résonnance avec l’état de gel psychique et somatique du trauma après une rencontre avec un réel extérieur traumatique.
Ainsi, le travail des psychothérapeutes du psychotrauma consiste (par la mise en récit bien souvent) à aider à ce qu’un sujet puisse reprendre cette position active face à l’évènement.
Afin d’accompagner ce mouvement, les séances de surf d’1h30 ont été encadrées par deux temps de parole en groupe de 60min chacun afin d’élaborer collectivement ce qui est en jeu individuellement dans les vagues et dans le groupe. Les séances de surf ont été assurées par l’Ecole OYAT Surf qui a déjà travaillé dans le cadre de médiations thérapeutiques par le surf en psychiatrie.
USAP OCEAN a choisi le village des Mathes en Charente-Maritime sur la presqu'île d'Arvert. Si ce village possède toutes les commodités nécessaires à un séjour de 7 jours, il possède aussi toutes les caractéristiques garantissant une autonomie de chaque participant.e en toute sécurité.
Les Mathes possède une vaste étendue de nature puisqu’implanté sur des dunes abritant une forêt de pins jusqu’à l’océan. Au Sud la mer y est calme et permet la baignade, tandis qu’à l’Ouest, l’Océan y est semblable au littoral Sud-Atlantique permettant la pratique du surf.
Ainsi le village des Mathes a permis au groupe de se ressourcer en pleine nature avant et après les séances de surf. La marche, les séances de relaxation, la contemplation y ont été particulièrement propices et les pratiques soignantes de l’équipe de l’USAP ont pu s’y déployer facilement (Groupes de parole en pleine nature, activités psychosensorielles, soins esthétiques…).
Texte écrit par Florian Brochec, pour l'USAP