Chaque jour, des victimes de violences sexuelles et conjugales passent la porte de l’USAP, l’Unité spécialisée d’accompagnement du psychotrauma de l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois. Dans cette structure unique en France, elles peuvent bénéficier gratuitement de soins psychologiques, de thérapies de régulation émotionnelle, de conseils juridiques, d’orientation sociale et même porter plainte. Le tout, dans un même lieu, pour espérer se reconstruire plus facilement.
Lorsqu’elle sonne à l’interphone du bâtiment en brique rouge de l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois, Florence tremble. Pas à cause du froid de ce matin de février, mais par peur de ne pas être crue. L’heure précédente, elle a consulté le service de neurologie de ce même hôpital pour des pertes de mémoire. Diagnostic: aucune cause physiologique. Le spécialiste l’a alors orientée vers ce lieu, où elle livre des bribes de son “isolement, du harcèlement et des viols”, répétant inlassablement: “Je ne suis pas folle. ”Amaria, la secrétaire, la rassure: “On va vous aider. Vous êtes au bon endroit ici.”Ici, c’est l’Unité spécialisée d’accompagnement du psycho-trauma qui prend en charge des victimes de violences sexuelles et conjugales, une structure unique en France vers laquelle sont orientées chaque semaine une vingtaine de personnes. Le service a ouvert en 2016 dans un bâtiment situé dans le parc de l’hôpital.“On a suivi en 2021 plus de 800 patients et patientes souffrant de psycho-traumas. À 80%, des femmes ayant subi des violences
masculines”, indique Fatima Le Griguer, la fondatrice de l’USAP. De ses onze années de service aux urgences d’Aulnay-sous-Bois à voir défiler des victimes à qui elle ne peut que donner des adresses d’associations, cette psychologue a tiré plusieurs enseignements, notamment“la nécessité de combiner divers traitements pluridisciplinaires pour guérir ces traumas”. L’USAP propose ainsi des soins psychologiques, psychiatriques et d’hypnothérapie, mais aussi des permanences juridique et policière, réunis dans un seul et même lieu afin de fluidifier le parcours des victimes.
Par Pauline Baron
Photos : Nathalie Mohadjer pour So good.
Article à lire sur le site de So good