Une fois tous les deux jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint en France. Un chiffre effrayant qui fait s'interroger : comment aider les femmes victimes de violences conjugales ? Si vous êtes témoin d'une telle situation, voici les attitudes à adopter.
113. C’est le nombre de femmes décédées sous les coups de leur conjoint depuis le début de l’année 2019. Il vous est peut-être arrivé d’être témoin de violences au sein d'un couple, sans savoir quelle attitude adopter pour venir en aide à un proche ou une voisine victime. Fatima Le Griguer, participante au Grenelle sur les violences faites aux femmes, fondatrice et coordinatrice de L’USAP (Unité Spécialisée d’Accompagnement du Psychotraumatisme), nous éclaire sur les réflexes à adopter pour aider des femmes victimes de violences conjugales.
Evaluer le danger dans un premier temps
La première chose à faire est bien évidemment de repérer les signes. Les premiers, les plus visibles, sont les marques de coups. Cependant certains signes physiques peuvent être tout autres : « nous avons des femmes qui se plaignent de maux de crâne ou font des malaises fréquents » explique Fatima Le Griguer. Au niveau des signes psychologiques il peut y avoir plusieurs formes « Si la personne semble à côté de la plaque, angoisse quand le téléphone sonne ou refuse catégoriquement de recevoir des personnes par exemple ». La perte de contact peut aussi amener à se poser des questions, du fait de la stratégie d’isolement que peuvent mettre en place des maris violents.
Se poser comme un interlocuteur de confiance
Si l’on s’aperçoit que l’une de nos proches est victime de violences conjugales, il convient de faire preuve de tact pour pouvoir mettre la personne en confiance : « Il faut clairement lui faire comprendre qu’elle peut compter sur vous quoi qu’il arrive. S’il y’a un déni de la part de la victime, il ne faut pas faire preuve de rudesse mais lui faire comprendre qu’on est présent pour elle ». Les maris violents peuvent avoir une emprise très forte. Proposer à la victime de lui conserver des papiers importants est également un réflexe à adopter. Cela peut lui permettre de maintenir une certaine indépendance et une marge de manœuvre pour une éventuelle plainte.
Laisser sa porte ouverte
Dans le cadre du voisinage, vous n'êtes pas forcément proches de la victime, mais si vous êtes témoins de violences, il faut impérativement contacter la police dans l’immédiat. Contacter le 3919 est aussi un réflexe à prendre. Il faut essayer aussi d’avoir un contact avec la victime (dans un moment où son mari est absent par exemple). Comme dit précédemment, vous pouvez proposer de garder des documents importants, mais surtout, dire à la victime qu’en cas de violence, elle peut venir chez vous pour se protéger. « Il arrive que l’on retrouve des femmes dans les couloirs de l’immeuble où elles habitent, car elles cherchaient un appartement où se réfugier » déplore Fatima Le Griguer.
Des interlocuteurs à recommander
Pour la médecin urgentiste, SOS Victimes est le bon interlocuteur pour les femmes subissant des violences conjugales. La police et les avocats spécialisés sont aussi très importants, mais il arrive que les victimes ne souhaitent pas porter plainte. « Dans tous les cas, il faut au moins que la victime passe aux urgences pour faire un constat de lésion ». Ce constat, laissant une trace écrite des violences subies, doit pouvoir être conservé soigneusement par la victime pour une éventuelle plainte. « D’où l’importance pour elle d’avoir un interlocuteur de confiance chez qui elle peut les déposer ». conclut Fatima Le Griguer.
Par Antoine Blanchet et Claire Schneider
Article à retrouver sur le site Magicmaman